Vous êtes propriétaire d’un bateau et souhaitez embarquer des équipiers? Cet article est pour vous.
Embarquer un ou plusieurs étrangers à bord de votre bateau n’est pas anodin. Vous savez que vous allez partager votre intimité avec ces personnes, dans le cas d’une longue traversée pendant plusieurs semaines et sans aucune échappatoire possible.
Un équipage est une équipe qui peut avoir à vivre des situations stressantes, peut-être même avoir à faire face ensemble à un danger mortel (par exemple si un équipier tombe à la mer ou en cas de très mauvais temps) et vous êtes le chef d’équipe. C’est une décision généreuse et courageuse que d’assumer cette responsabilité, et je suis sûr que vous ne l’avez pas prise à la légère.
Cet article espère clarifier certains des points que vous devez considérer lors de la formation d’un équipage pour une aventure océanique en commun.
La confiance
Il est de la plus haute importance que la confiance et le respect mutuels soient établis le plus tôt possible. Au cours de vos premiers échanges, assurez-vous que les souhaits et les attentes de chacun sont compatibles en expliquant clairement les vôtres et en posant des questions pour évaluer celles de vos équipiers potentiels.
Leurs personnalités et leurs expériences de vie sont-ils compatibles avec ce que vous attendez d’eux? Avez-vous affaire à des personnes authentiques et sincères?
Ne vous laissez pas berner par la jeune fille séduisante tout droit sorti de l’université qui veut juste traverser l’Atlantique, et qui prendra à peine le temps de faire la vaisselle, ne sera jamais à l’heure sur le pont pour son quart de nuit, et se plaindra du manque d’eau chaude pour sa douche quotidienne.
N’oubliez pas que certaines des personnes qui frappent (métaphoriquement) à la porte de votre bateau n’ont absolument aucune idée de ce qu’est la vie à bord d’un petit voilier en haute mer.
Vous leur devez être clair sur les conditions de vie à bord (et souvenez-vous que certaines choses qui vous semblent évidentes ne leur sont peut-être même pas venues à l’esprit). Vous devez leur expliquer en détails les conditions de vie bord, ce que vous vous attendez d’eux, quels rôles ils auront à bord, etc. et vous devez vous assurer qu’ils sont disposés et capables de les remplir. Sinon, vous risquez de découvrir au mauvais moment qu’ils ne le sont pas.
Afin de bâtir une confiance réciproque, il est utile de demander des copies de passeport et des références de personnes qui les connaissent bien, et de leur fournir vos propres références. Pour ma part, je fournis toujours aux équipières potentielles les coordonnées d’anciennes équipières qui ont navigué au large avec moi. Je navigue souvent en double au large avec des jeunes femmes intelligentes et aventureuses parce que j’ai su gagner leur confiance et que je ne m’en abuse jamais. Beaucoup d’entre elles reviennent volontiers naviguer à mon bord lorsque l’occasion se présente et me servent de références.
Il peut également être utile de faire un peu de recherche sur Internet. La page Facebook ou le site Web professionnel d’un équipier potentiel peut contenir des informations qui seront essentielles à votre décision de les prendre à bord, ou pas.
Les finances
Soyez clair sur la participation financière que vous attendez dès le départ. Personnellement, je préfère demander une contribution quotidienne aux dépenses du bord, ce que je trouve beaucoup plus facile que d’essayer de calculer qui a dépensé quoi et de diviser. Une fois un montant convenu, il ne doit plus être modifié. 20 à 25 euros / jour semble équitable et est le plus courant, mais cela dépend évidemment du programme de croisière. Personnellement, je préfère ne pas inclure dans ce « forfait » les frais de port, pour que la décision de s’arrêter ou non dans une marina puisse être prise de façon collégiale, puisque les conséquences financières sont réparties équitablement entre l’équipage.
N’oubliez pas qu’à moins que vous ne soyez un skipper professionnel, la seule contribution financière qui peut être demandée est le partage les dépenses courantes (nourriture, carburant, frais de port et éventuellement l’assurance et la communication par satellite).
Les offres commerciales, qui devront inclure l’entretien du bateau et le salaire du skipper sont évidemment différentes, mais ne concernent que les skippers titulaires d’une licence professionnelle (Capitaine 200 ou Yachtmaster offshore commercially endorsed par exemple).
Faire connaissance
Je commence presque toujours par un appel vidéo. Cela me donne une première impression qui me permet de décider si nos personnalités et nos attentes sont compatibles. Dans la plupart des cas, je ne donne pas suite. (en tant qu’ancien chef d’entreprise, j’ai une certaine expérience du recrutement, qui m’est bien utile dans ces cas-là).
Si vous « recrutez » plusieurs membres d’équipage, c’est le moment de commencer à penser à la dynamique de l’équipage. Comment cette personne va-t-elle s’intégrer à l’équipe? Quelles compétences ou attitude apporte-t-elle, qui seront utiles?
Faites confiance à votre instinct à ce stade. En cas de doute, il est préférable de ne pas donner suite, plutôt que de découvrir trot tard que votre intuition était juste.
Enfin, si possible, organisez une courte navigation d’essai, un weekend en côtière par exemple, qui permettra aux deux parties, si les choses ne fonctionnent pas comme prévu, de se retirer honorablement. Si cela s’avère impossible, commencez au moins le voyage avec quelques jours de croisière côtière, ce qui laisse encore une porte de sortie.
Ne commencez jamais une longue traversée avec des inconnus complets.
A moins, bien sûr, que vous ayez un master en psychologie, une licence de skipper professionnel et une expérience de la vie et de la voile qui vous permettra de gérer les conséquences possibles, quelles qu’elles soient.